par les Iroquois ce jour-là et emmené dans un village onnnontagué du Haut-Richelieu.
Le 22 juin 1661, on apprend par des Français revenus à Villemarie que Pierre Cauvin et Michel Messier sont morts torturés par les Onéyouts. "Pierre Cauvin dit le Grand Pierre pris par les iroquois d'Onnontagué avait déclaré à plusieurs de ses concitoyens, également captifs dans ce pays, que, s'il venait à être mis à mort ou condamné à un esclavage perpétuel, il donnait son bien à l'Église de Villemarie. Cauvin périt, en effet, par le supplice du feu; et comme il n'avait pû faire de testament avant sa mort,plusieurs de ses compagnons de captivité, ramenés ensuite, s'empressèrent de faire connaitre sespieuses dispositions".(Faillon, II, 23)
Le 12 octobre 1661, Tècle Cornélius, un Irlandais, "déclara, qu'étant prisonnier à Onnontagué avec plusieurs autres, Pierre Cauvin lui avait témoigné qu'en cas de mort il donnait son bien à l'Église. Marin Janot dit Lachapelle, conduit aussi dansle même village au printemps 1661, assura avoir appris de la bouche d'Urbain Tessier dit lavigne que telle était l'intention de Cauvin; ce qui fut confirmé par Michel Paroissien, également prisonnier des Iroquois, et à qui Urbain Tessier avait fait la même déclaration".(Faillon, II, 24)
Chez les Onnontagués, la coutume veut que les prisonniers soient répartis en trois lots. Les adoptés, les esclaves et les codamnés au poteau. Peignés, huilés de frais, si l'on peut dire, les femmes iroquoises font leur choix suivant les commandes qu'elles ont passées et les pertes humaines de la campagne. Les adoptés sont aussitôt libérés, lavés, soignés et habillés. Ils vont prendre la place des guerriers morts au combat, et se plient volontiers à ce rééquilibrage du nombre auprès des veuves indiennes. C'est d'ailleurs leur intérêt de coopérer, car s'ils refusent, ils sont aussitôt dirigés vers les poteaux de torture. Pendant que les esclaves sont attachés et jetés dans une cabane, les condamné, les plus nombreux, sont répartisà grandes exclamations parmi les fifférents groupes du clan. Plus il y a de prisonniers, plus le chef de guerre assure sa puissance. Même les enfants iroquois touchent un ou deux suppliciés. Quoi qu'il arrive, les femmes sont toujours servies enpremier...Les adoptés ne sont absolument pas obligés d'y prendre part, mais s'ils participent aux réjouissances, ils montrent une excellente éducation...(Soyez, 68)
Les condamnés sont liés aux poteaux. On coupe les doigts l'un après l'autre avec les dents, ou bien on les brûle jusqu'à la main dans un fourneau de pipe. On scalpe, évidemment parfois avec l'ongle, parfois avec une arête de poisson. On écorchevif un membre, un ventre. On arrache les testicules et on coupe la verge avec une hache rougie. On arrache les muscles en tordant les tendons sur un morceau de bois fendu. On tranche les articulations. On brûle le crâne à vif avec des pierres chaudes ou des brandons. On brise les dents, tranche le nez, les oreilles. On oblige le prisonnier à manger un morceau de sa propre chair. Lorsqu'il est mort, on lui arrache la tête et son tortionnaire, celui qui l'a le mieux torturé, femme, enfant ou guerrier, se gorge de son sang. Lecorps depecé est jeté dans une marmite d'eau boullante préparée à l'avance. Le malheureux finira dévoré par ses ennemis. les esclaves travaillent jusqu'à ce qu'ils s'échappent ou meurrent de besoin. Quand aux adoptés, ils font définitivement partie du clan et même du peuple jusqu'à participer, s'ils le veulent, aux guerres futures.(Soyez, 69-70)
Urbain Tessier est un solide gaillard. Il est sûr qu'il passa au poteau de torture ou on le brûla et ou on lui arracha un doigt mais, selon toute vraisemblance, nous pouvons croire qu'il fut adoptée par une femme iroquoise, ce qui lui sauva la vie.
"Un d'eux, avant l'arrivée du Père Lemoyne, se laissant aller au mauivais exemple, était vtout prêt de s'abandonner au vice, et d'embrasser la vie de sauvage, ayant déjà lié partie avec quelques iroquois pour les accompagner en guerre; il est vraique Dieu le retenait toujours comme par la main, disons plutôt par un doigt, qui lui ayant été coupé au commencement de sa prise, ne se guérissait point".
Ce prisonnier dont il est question dans les Relations des Jésuites, Éditions Twaites, 202, pourrait bien être Urbain Tessier dit Lavigne.
Dans ses Écrits autographes, Marguerite Bourgeois témoigne de Lavigne, "que l'on avait ramené du pays des Iroquois, car il avait été pris, et les Sauvages lui avaient arraché un doigt".(Faillon, II, 447)
Ce doigt qui ne guérissait point, "quoi qu'on y eut appliqué tous les remèdes ordinaires, c'est le Père Simon Lemoyne qui remédia à son problème, lui conseillant quelques dévotions envers la Ste-Vierge. Urbain Tessier, semble-t-il, écouta les conseils du Père Lemoyne, si bien qu'en peu de jours il fut délivré de la tentation, et guéri du mal qu'il avait en la main depuis plus de six mois.
Il a ensuite fort bien employé cette main, en quelques façon miraculeuse, s'en servant à baptiser lui-même les enfants, que non seulement il cherchait dans toutes lescabanes, mais il allait encore attendre au passage les caravanes des Sonnontoêronnons(autre famille iroquoise), qui vont en grandes bandes, en traite, de peur d'être rencontrés de leurs ennemis. Il arrêtait donc toutes les mères avec leurs enfants dans quelque défilé, et les savait si bien gagner, qu'en peu de temps il a baptisé plus de 60 enfants...(Relations des Jésuites, Twaites, XLVII, 203)
Il a ensuite fort bien employé cette main, en quelques façon miraculeuse, s'en servant à baptiser lui-même les enfants, que non seulement il cherchait dans toutes lescabanes, mais il allait encore attendre au passage les caravanes des Sonnontoêronnons(autre famille iroquoise), qui vont en grandes bandes, en traite, de peur d'être rencontrés de leurs ennemis. Il arrêtait donc toutes les mères avec leurs enfants dans quelque défilé, et les savait si bien gagner, qu'en peu de temps il a baptisé plus de 60 enfants...(Relations des Jésuites, Twaites, XLVII, 203)
À Villemarie, entre temps, Marie Archambault vit des jours angoissants. Nul ne sait encore si Urbain Tessier est vivant ou mort, on appréhende le pire. Le 7 juin 1661, lorsque nait l'enfant de Marie Arcahmbault, enceinte lors de la capture de son mari en mars dernier, nous pouvons lire au régistre la mention suivante: "Urbain Tessier, habitant, pris par les Iroquois, le 24 mars dernier, et on ne sait pas s'il est mort ou en vie".
Le 29 août 1661, quelques sauvages Iroquois sous les ordres du chef de guerre Outréouti dit la Grande Gueule attaquant autre groupe de colons en train de faire la moisson. Quelques minutes de combatset M. Le Maistre, prêtre de St-Sulpice, y trouve la mort. Le chef Outréouti dit la Grande Gueule coupa la tête de M. Le Maistre. Après qu'ils eurent décapité M. Le Maistre, ils mirent la tête dans un mouchoir blanc, qu'apparemment ils avaient pris dans la poche du défunt; et l'ayant emportée dans leur bourgade, il arriva une merveille qui mérite d'être écrite, pour votre édification. C'est la face de M. Le Maistre, et tous les traits de son visage demeurèrent empreints sur la toile de ce mouchoir, en sorte que ceux qui avaient eu l,avantage de le connaitre pendant sa vie, le reconnaissaient parfaitement.(Faillon, II, 446)
Urbain Tessier fut l'un de ceux qui furent ainsi saisi de frayeur en voyant la tête de M. Le Maistre gravée dans le mouchoir.
Dans ses Écrits autographes, Marguerite Bourgeois autenthifie les propos d'urbain tessier: "Il me dit que cela était bien vérifiable(qu'il en était assuré), non pour l'avoir entendu dire, mais pour l'avoir vu; qu'il avait promis tout ce qu'il avait pû aux sauvages pour avoir ce mouchoir, les assurant que quand ils serait à Villemarie il ne manquerait pas de les satisfaire, ce que cependant, ils ne voulurent pas accepter, disant que ce mouchoir était pour eux un pavillon pour aller à la guerre et qu'il les rendrait invincibles".(M Bourgeois, Écrits autographes)
François Dollier de Casson, qui fut curé de Villemarie, confirme les mêmes faits: "Lavigne, ancien habitant de ce lieu, homme des plus résolus, comme on l'a vu dans cette histoire, m,a dit avoir vu le mouchoir imprimé, comme je viens de le dire, lorsque, étant prisonnier chez les Iroquois, ces malheureux retournèrent chez eux après avoir fait ce méchant coup. Il assure qu'à leur arrivée, le chef de ce parti ayant tiré le mouchoir de M. Le Maistre, et lui Lavigne reconnaissant ce visage, cria de la sorte au capitaine: AH MALHEUREUX, TU AS DONC TUÉ OAOUANDIO(c'est le nom que les Iroquois donnait à M. Le Maistre), CAR JE VOIS SA FACE SUR CE MOUCHOIR!
Alors, ces sauvages, honteux et confus, ressèrerrent le mouchoir, sans que depuis ils aient voulu le donner, ni même le montrer à personne, et même au révérend Père Lemoyne qui, sachant la chose, fit tout son possible pour l'avoir".(Dollier de Casson, Histoire de Montréal, 159)
Le 31 août 1662, Urbain Tessier dit Lavigne et quelques autres prisonniers furent libérés par les Iroquois. Dès leur arrivée à Villemarie, "dès qu'ils eurent mis le pied à terre, ils se rendirent immédiatement à l'église, pour protester, au pied des autels, qu'après Dieu ils étaient revevables de leur vie à la protection de la Ste-Vierge Marie".(Faillon, II, 450-451)
Urbain Tessier a été captif en pays iroquois durant 525 jours.
ra, qu'étant prisonnier à Onnontagué avec plusieurs autres, Pierre Cauvin lui avait témoigné qu'en cas de mort il donnait son bien à l'Église. Marin Janot dit Lachapelle, conduit aussi dansle même village au printemps 1661, assura avoir appris de la bouche d'Urbain Tessier dit lavigne que telle était l'intention de Cauvin; ce qui fut confirmé par Michel Paroissien, également prisonnier des Iroquois, et à qui Urbain Tessier avait fait la même déclaration".(Faillon, II, 24)
arie que Pierre Cauvin et Michel Messier sont morts torturés par les Onéyouts. "Pierre Cauvin dit le Grand Pierre pris par les iroquois d'Onnontagué avait déclaré à plusieurs de ses concitoyens, également captifs dans ce pays, que, s'il venait à être mis à mort ou condamné à un esclavage perpétuel, il donnait son bien à l'Église de Villemarie. Cauvin périt, en effet, par le supplice du feu; et comme il n'avait pû faire de testament avant sa mort,plusieurs de ses compagnons de captivité, ramenés ensuite, s'empressèrent de faire connaitre sespieuses dispositions".(Faillon, II, 23)
Aucun commentaire:
Publier un commentaire