samedi 4 juillet 2020

Ernest LAVIGNE

Ernest Lavigne 1851-1909
ERNEST, zouave pontifical, musicien, impresario et homme d’affaires, né le 17 décembre 1851 à Montréal, fils de Moyse Tessier, dit Lavigne, boucher, et de Flore David ; le 26 septembre 1876, il épousa à L’Islet-sur-Mer, Québec, Marie-Louise Pouliot (décédée le 16 décembre 1941 à Paris, à l’âge de 86 ans), et ils eurent quatre enfants, Juliette, Paul, Mario et Ernestine ; décédé le 18 janvier 1909 à Montréal.

         Deux notices biographiques, parues du vivant d’Ernest Lavigne, signalent qu’il fréquenta l’école des Frères de la doctrine chrétienne à Montréal et compléta son instruction avec des professeurs particuliers. En raison de la ferme opposition du père au talent musical de ses fils, tant Jean-Moïse-Arthur* et Horace-Émery qu’Ernest, il semble que ce soit en autodidacte que ce dernier ait, par la suite, abordé et cultivé la musique.

         À l’été de 1868, Lavigne partit pour Rome avec le 4e détachement des zouaves pontificaux. Quelques mois plus tard, il entra dans le corps de musique des zouaves, composé de 60 membres, et fut choisi, en qualité de premier cornet, instrument dont il était passé virtuose, pour faire partie d’un orchestre de 20 musiciens invité à jouer lors des soirées données chez la duchesse Salviati et la princesse Altieri. Il quitta Rome pour Naples à la fin de septembre 1870 sans avoir participé aux combats qui opposèrent les troupes italiennes et celles du pape. Un an plus tard, il entreprit un long périple, qui le mena d’Italie en Espagne, au Portugal, en France, en Angleterre, au Danemark et en Norvège. En 1873, il traversa l’Atlantique, se rendit à New York, et joua à Philadelphie et à Boston.

         La carrière de Lavigne au Canada commença à la fin de l’année 1874. Il passa plus d’un an chez son frère Jean-Moïse-Arthur, qui tenait un magasin de musique à Québec. C’est peut-être là qu’il se familiarisa avec le métier de commerçant demusique et d’instruments, et qu’il s’initia aux procédés d’impression musicale. Il fit encore plus : fort de son expérience comme membre du corps de musique des zouaves, il mit sur pied des fanfares dans les paroisses St Patrick et Saint-Roch de Québec, à Sainte-Foy, à L’Ancienne-Lorette, à Saint-Joseph-de-Lévis (Saint-Joseph-de-la-Pointe-de-Lévy), à Saint-Henri-de-Lauzon et ailleurs sur la rive sud du Saint-Laurent jusqu’à Saint-Germain-de-Rimouski (Rimouski). Peu après son mariage, célébré en septembre 1876, il passa deux mois à Philadelphie et retourna à New York, probablement pour se faire entendre comme virtuose du cornet.

         Quelques mois après son retour à Montréal en 1877, Lavigne allait franchir une étape importante dans sa carrière musicale. Il se vit en effet offrir la direction de la Musique de la cité, corps de musique du 65e bataillon (fusiliers Mont-Royal) qui allait connaître une renommée enviable sous les noms familiers de Bande de la cité et Montreal City Band. Dans les concours auxquels cette « excellente fanfare » participa sous la direction de Lavigne, entre 1878 (concours des fanfares du Canada, tenu au Club Victoria des patineurs de Montréal, en mai) et 1890 (concours entre la Musique de Gilmore, de New York, et la Bande de la cité, qui eut lieu au même endroit, le 2 juin), elle remporta tous les honneurs, en même temps qu’elle gagna l’estime des Montréalais. Lavigne tira pleinement profit des succès remportés en inaugurant des concerts gratuits en plein air au jardin Viger de Montréal, à l’été de 1879. Dix ans plus tard, le statut amateur de la bande fut changé en celui de professionnel. Pour cette raison, 27 des 55 membres durent quitter ses rangs ; Lavigne les remplaça, cette année-là, par des musiciens qui venaient des États-Unis (17), de Belgique (5), d’Angleterre (3), d’Italie (1) et de France (1). L’année suivante, 30 artistes de différentes nationalités se joignirent à la Bande de la cité, parmi lesquels on retrouvait 12 artistes belges, 6 français et 2 américains. Ces « mélanges d’artistes » représentent une formule fort différente de celle qu’employa Guillaume Couture*, contemporain de Lavigne : entre 1894 et 1899, des orchestres américains complets furent engagés pour les concerts de la Société philharmonique de Montréal dirigés par Couture. La solution des mélanges paraît avoir produit lesrésultats escomptés par Lavigne, puisque celui-ci put maintenir un rythme de deux concerts par jour et assurer un changement constant de programme.

         Le statut de la bande de Lavigne avait changé au lendemain de l’ouverture du parc Sohmer, le 1er juin 1889. Le parc Sohmer est le nom d’une propriété louée, puis acquise en avril 1890 de Hugh Taylor, par Lavigne et Louis-Joseph Lajoie, copropriétaires de 1881 à 1891 d’un commerce de musique sis rue Notre-Dame, à Montréal, et qui détenaient l’agence exclusive des pianos de marque Sohmer, compagnie new-yorkaise. L’emplacement de ce lieu de divertissement montréalais populaire entre tous occupait le quadrilatère compris entre les rues Panet, de Salaberry, Notre-Dame et la falaise située en bordure du Saint-Laurent (l’actuel jardin Guilbault). Lavigne et Lajoie répondirent à l’engouement général en élevant un pavillon en bois deforme cintrée, qui comprenait, outre l’orchestre, une galerie de 1 000 sièges, 15 loges et un parterre d’une capacité de 6 000 à 8 000 places ; cette construction – détruite par un incendie le 24 mars 1919 – permit d’étendre sur toute l’année les représentations du dimanche.

         L’inauguration eut lieu le 13 mai 1891 et coïncida avec le début d’un grand festival organisé au bénéfice de l’hôpital Notre-Dame, du 13 au 15 mai. Pour l’occasion, Lavigne remplaça la Bande de la cité par l’Orchestre du conservatoire, ensemble symphonique de 44 musiciens professionnels qui provenaient pour la plupart du Conservatoire royal de Liège, en Belgique. Mais le succès ne fut probablement pas à la hauteur des attentes car, dès l’année suivante, Lavigne revint à la formule d’une harmonie formée de 30 à 40 musiciens que l’on désigna, à compter de cette époque, sous les noms de Bande (ou Musique) du parc et Bande de Lavigne ; la sonorité puissante et colorée, caractéristique de cette formation, convenait certainement mieux à l’endroit. Lavigne assura la direction de la bande jusqu’en juillet 1908 ; après lui, vinrent Herbert Spencer*, Xavier Larose, Joseph-Jean Goulet* et Peter Van der Meerschen.

         La programmation, axée au départ sur le concert, accorda de plus en plus de place aux invités, par exemple à la célèbre cantatrice canadienne, Emma Albani [Louise-Cécile-Emma Lajeunesse*], en 1890, et aux « choses que tout le monde vo[yait] ou entend[ait] avec un vif plaisir », soit les numéros de variétés et les attractions les plus diverses ; cette programmation eut cours surtout dans les années qui suivirent la fondation, le 27 janvier 1892, du Jardin zoologique de Montréal, corporation qui regroupait Lavigne et Lajoie, ainsi que cinq autres requérants. Les dilettanti n’étaient pas négligés pour autant : en 1898–1899, par exemple, Lavigne confia la direction de représentations de scènes d’opéra et d’opérette au Français Louis Vérande ; en 1907, il se tourna vers la musique « moderne » avec des pages de Mendelssohn, Gounod, Wagner, Saint-Saëns, Massenet, Delibes, Tchaïkovski, Gomes et d’autres, rivalisant ainsi d’audace avec Couture, quoique tardivement.

         Les milliers de personnes qui se joignirent au cortège funèbre de Lavigne, le 21 janvier 1909 à Montréal, témoignèrent de la sympathie peu commune qu’éprouvaient les Montréalais pour ce « personnage légendaire ». Son physique élégant, sa tenue vestimentaire parfaite, son urbanité, son intuition musicale extraordinaire, sa grande renommée et le magnétisme que dégageait sa personnalité expliquent, au dire des personnes qui l’ont connu, l’adulation dont il fit l’objet. Cependant, on ne peut comprendre la profondeur de l’impression laissée par ce musicien et cet organisateur-né sur la population de toute une ville qu’à la lumière de la place privilégiée qu’il occupa dans les loisirs des Montréalais durant plus de 20 ans. Dans lecontexte de l’industrialisation croissante de Montréal à la fin du siècle, Lavigne sut implanter et développer dans le quartier Est de la ville une forme de divertissement adaptée aux besoins et aux moyens financiers du plus grand nombre, le café-concert et le parc d’attractions, en vogue dans les grandes villes européennes et américaines qu’il eut, plus d’une fois, l’occasion de visiter. Le parc Sohmer fut un lieu où des milliers de personnes trouvaient détente et plaisir quotidiennement durant l’été et, en plus, après 1891, chaque dimanche de l’année. Lavigne en était en quelque sorte l’âme. Guillaume Couture, pendant ce temps, connaissait un succès mitigé comme directeur de la Société philharmonique de Montréal (1880–1899), de la Montreal Symphony Orchestra (1894–1896) et du Montreal Amateur Operatic Club (1892–1898), dont les manifestations, à caractère sérieux exclusivement, visaient l’élite, anglophone surtout, de la société montréalaise.

         La recherche constante de la qualité et du sensationnel qui caractérisait Lavigne explique la fidélité des Montréalais envers ses entreprises. Grâce à son esprit d’initiative, mais aussi à sa connaissance étendue des milieux musicaux, Lavigne réussit à mettre sur pied un orchestre complet, supérieur à n’importe quel orchestre en Amérique, assurait-on, ce qu’avait jusqu’alors empêché la pénurie d’instrumentistes compétents. Tout porte à croire que, s’il n’en garda pas longtemps la direction, c’est en raison d’une incompatibilité avec le lieu choisi pour les concerts. Cependant, de son coup d’essai allait surgir une tradition musicale dont les premiers illustrateurs furent, entre autres, les violonistes Jean-Julien Clossey et Joseph-Jean Goulet, le violoncelliste Jean-Baptiste Dubois, le contrebassiste et trompettiste Adolphe Dubois, le hautboïste Léon Kaster, les clarinettistes Jean Goulet et Jacques Vanpoucke, le bassonniste Bartholemeus Gérôme, le timbalier Liévin Schepens, musiciens belges que Lavigne avaient su convaincre de faire partie de son Orchestre du conservatoire et qui s’établirent à Montréal ; ces musiciens allaient jouer un rôle de premier plan dans l’enseignement et l’exécution de la musique.

         Comme compositeur, Lavigne occupe une place à part dans l’histoire de la musique canadienne. Sa production se limite à la chanson et comprend le plus important groupe de pièces canadiennes pour voix soliste et piano d’accompagnement de l’époque. Les particularités de son œuvre ressortent mieux quand on les compare avec celles des pièces du même genre de son compatriote et contemporain, Alexis Contant*. Le nombre des morceaux est au moins deux fois plus grand chez Lavigne (81) que chez Contant (35). Cependant, alors que Contant va de la romance à la mélodie plus sérieuse en passant par le cantique, le morceau de circonstance et la chanson patriotique, Lavigne s’en tient, à une exception près (Vive la France !), à la romance sentimentale. Le choix des poètes, surtout français, manifeste l’élévation de son goût ; cette qualité des textes n’est pas toujours assurée chez Contant, qui accorde, en revanche, une place plus grande aux poètes du terroir. Sur le plan musical, l’homogénéité de style chez Lavigne est frappante : toute l’attention est portée au chant dont la ligne est sobre, mais néanmoins hautement mélodique et respectueuse de la prosodie ; le ton est juste et l’art de la composition fait peu de place à l’effet ou à la recherche. L’ensemble des chants de Contant demeure beaucoup plus complexe sous ces différents aspects. On peut, encore de nos jours, se laisser charmer par les romances de Lavigne, pleines de jeunesse, d’amour et d’esprit, sans prétention, pour reprendre les termes utilisés par Louvigny de Montigny* à propos du recueil des 25 mélodies [...] de 1901. Si la chanson de Lavigne n’atteint pas toujours la profondeur des meilleures compositions de Contant, du moins évite-t-elle complètement le ton populaire et conventionnel des « chansons réclame » de type commercial qui firent le succès des « concerts » présentés, dans les premières décennies du xxe siècle, au Ouimetoscope, au Nationoscope ou au Théâtre national, principaux centres de divertissement qui firent concurrence au parc Sohmer.

         En 1949, Arthur Laurendeau, ex-élève de Guillaume Couture, estimait qu’Ernest Lavigne allait laisser le souvenir d’un météore tombé dans l’oubli, une fois disparue la génération de ceux qui l’avaient entendu. Ce jugement s’appuyait en partie sur le caractère éphémère des activités et la fragilité des compositions musicales de Lavigne, en partie aussi sur le silence, qui semblait inévitable après la disparition de ceux qui avaient le plus contribué à perpétuer sa mémoire, le critique Frédéric Pelletier et le chef d’orchestre et compositeur Jean-Josaphat Gagnier*. Toutefois, les 50 dernières années n’ont pas donné raison à Laurendeau. Ainsi, en décembre 1962, le comité exécutif de la ville de Montréal a donné le nom d’avenue Ernest-Lavigne à une voie située dans la paroisse Saint-François-d’Assise de Longue-Pointe ; dans les années 1980, l’Encyclopédie de la musique au Canada rangea Lavigne parmi les « pionniers de la musique instrumentale au Canada », tandis qu’en 1986les historiens Yvan Lamonde et Raymond Montpetit soulignèrent la contribution de Lavigne à la démocratisation et à la professionnalisation de la musique. Ils reconnaissaient aussi le mérite qui lui revient d’avoir haussé la qualité de la vie musicale montréalaise à la fin du xixe et au début du xxe siècle. Si le terme de météore utilisé par Laurendeau paraît juste, c’est dans la mesure où Ernest Lavigne est peut-être le seul musicien à avoir connu gloire et succès de son vivant, et à avoir laissé une marque durable en empruntant d’autres sentiers que ceux tracés par l’enseignement et le métier de musicien d’église, qui furent le lot de la plupart de ses contemporains.

Lucien Poirier

Ernest Lavigne a composé au moins 81 pièces pour voix soliste et piano, principalement sur des textes de poètes français, dont dix sont d’Armand Silvestre, mais aussi, exceptionnellement, sur des textes de poètes canadiens dont ceux de Narcisse-Henri-Édouard Faucher* de Saint-Maurice et de Louis Fréchette. Une liste complète de ses œuvres fait partie du dossier Ernest Lavigne, déposé au DBC. Toutes ont été éditées sous forme de partitions, dans des chansonniers : Album du chanteur : chansonnier (Montréal, [1891 ?]) ; le Succès du salon : chansonnier (53e éd., Montréal, [1886]) ; Chants populaires des Franco-Américains (10e éd., Woonsocket, R.I., 1928) ; ou des recueils de chansons : Recueil de 8 mélodies et chansonnettes (Montréal, 1889) ; 25 mélodies : paroles françaises et anglaises (Montréal, 1901) ; dans des revues : la Patrie, 24 juin 1884 : « Supplément musical » ; le Canada artistique (Montréal), 1890, 1895 ; le Passe-Temps (Montréal), 1895–1915 ; la Rev. nationale (Montréal), 1895–1896 ; les Annales politiques et littéraires (Paris), 1901, 1903, 1908 ; ainsi que dans un Catalogue de musique et d’instruments de musique de Lavigne & Lajoie publié à Montréal vers 1887. Des nombreux arrangements qu’a dû faire Lavigne, seuls six titres ont pu être rapportés, dont cinq sont des marches ou pièces de danses.  [l. p.]

         AC, Montréal, État civil, Catholiques, Cimetière Notre-Dame-des-Neiges (Montréal), 21 janv. 1909.— ANQ-M, CE1-51, 17 déc. 1851.— ANQ-Q, CE2-3, 26 sept. 1876.— Le Monde (Montréal), 25 mars, 14 avril 1891.— Louvigny de Montigny, « les Mélodies d’Ernest Lavigne », le Passe-Temps (Montréal), 16 mars 1901.— Montreal Daily Star, 10, 17 mai, 7 juill. 1890.— Le Passe-Temps (Montréal), 2 mai 1896, 27 avril 1901.— La Patrie, 29 mai, 1er juin 1889, 28 mai, 3 juin 1890, 15, 25 avril, 8, 12, 14mai 1891, 2, 16 juin, 2 juill. 1908.— Le Pionnier (Montréal), 4 août, 8 sept. 1901.— La Presse, 29 avril, 3, 10 mai 1890, 8 mai, 17 juin 1893, 16 mai 1936, 14 avril 1942.— Annuaire, Montréal, 1878–1900.— Chansons sur textes français II, Lucien Poirier, édit. (Ottawa, 1987), xxx–xxxiii, xliv, xlv, 65, 183–195.— Dictionnaire biographique des musiciens canadiens (2e éd., Lachine, Québec, 1935), 171–173.— Encyclopédie de la musique au Canada (Kallmann et al.).— J.-J. Gagnier, « Pointe sèche et Crayon gras », le Passe-Temps (Montréal), mars 1947–déc. 1948.— Helmut Kallmann, A history of music in Canada, 1534–1914 (Toronto et Londres, 1960), 126, 210, 247.— Yvan Lamonde et Raymond Montpetit, le Parc Sohmer de Montréal, 1889–1919 ; un lieu populaire de culture urbaine (Québec, 1986).— Souvenir de Maisonneuve : esquisse historique de la ville de Montréal et séance d’inauguration du monument de M. de Maisonneuve, le 1er juillet 1895 (Montréal, 1896).— Les Zouaves pontificaux canadiens,Musée national de l’Homme, Coll. Mercure, div. de l’Hist., dossier no 19, Ottawa, 1976).


  Le musicien Ernest Lavigne dit Tessier (1851-1909) est natif de Montréal. Dès l'âge de 17 ans, il joint les rangs des zouaves pontificaux pour aller défendre le Saint-Siège contre les partisans de l'unité italienne. Il fait bientôt partie du corps de musique des zouaves romains en tant que cornettiste solo. Après avoir parcouru l'Europe, Lavigne est de retour au pays en 1874. Il s'associe avec son frère Arthur, propriétaire du premier magasin de musique à Québec, et met sur pied plusieurs fanfares dans cette ville et dans la région. On le retrouve ensuite à Montréal, où il fonde en 1881 une maison de distribution et d'édition de musique sous la raison sociale de Lavigne et Lajoie. Il compose aussi des mélodies pour fanfares et donne de nombreux concerts, notamment au Jardin Viger. Ses exécutions enlevées plaisent particulièrement au public, pour lequel il est une vedette incontestée.

Le dynamique musicien acquiert un vaste terrain en bordure du Saint-Laurent et y aménage le parc Sohmer (parc Charles S. Campbell), inauguré en 1892. On y présente des concerts, des opéras et des vaudevilles. Fondateur de la Bande de la Cité, ancêtre de l'Orchestre symphonique de Montréal, Lavigne ne cesse d'enrichir cet ensemble en faisant venir d'Europe de nombreux instrumentistes dont certains s'établissent au pays. C'est ainsi qu'Ernest Lavigne, véritable pionnier dans son domaine, contribuera à l'épanouissement d'une tradition musicale au Canada. Il finira ses jours à Montréal.





Source:  AC, Montréal, État civil, Catholiques, Cimetière Notre-Dame-des-Neiges (Montréal), 21 janv. 1909.— ANQ-M, CE1-51, 17 déc. 1851.— ANQ-Q, CE2-3, 26 sept. 1876.— Le Monde (Montréal), 25 mars, 14 avril 1891.— Louvigny de Montigny, « les Mélodies d’Er
nest Lavigne », le Passe-Temps (Montréal), 16 mars 1901.— Montreal Daily Star, 10, 17 mai, 7 juill. 1890.— Le Passe-Temps (Montréal), 2 mai 1896, 27 avril 1901.— La Patrie, 29 mai, 1er juin 1889, 28 mai, 3 juin 1890, 15, 25 avril, 8, 12, 14 mai 1891, 2, 16 juin, 2 juill. 1908.— Le Pionnier (Montréal), 4 août, 8 sept. 1901.— La Presse, 29 avril, 3, 10 mai 1890, 8 mai, 17 juin 1893, 16 mai 1936, 14 avril 1942.— Annuaire, Montréal, 1878–1900.— Chansons sur textes français II, Lucien Poirier, édit. (Ottawa, 1987), xxx–xxxiii, xliv, xlv, 65, 183–195.— Dictionnaire biographique des musiciens canadiens (2e éd., Lachine, Québec, 1935), 171–173.— Encyclopédie de la musique au Canada (Kallmann et al.).— J.-J. Gagnier, « Pointe sèche et Crayon gras », le Passe-Temps (Montréal), mars 1947–déc. 1948.— Helmut Kallmann, A history of music in Canada, 1534–1914 (Toronto et Londres, 1960), 126, 210, 247.— Yvan Lamonde et Raymond Montpetit, le Parc Sohmer de Montréal, 1889–1919 ; un lieu populaire de culture urbaine (Québec, 1986).— Souvenir de Maisonneuve : esquisse historique de la ville de Montréal et séance d’inauguration du monument de M. de Maisonneuve, le 1er juillet 1895 (Montréal, 1896).— Les Zouaves pontificaux canadiens, Musée national de l’Homme, Coll. Mercure, div. de l’Hist., dossier no 19, Ottawa, 1976).

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