jeudi 29 février 2024

Normandie TESSIER

Le 1er octobre 1923.  Décès de Soeur Marguerite du Sacré-Coeur.  À l'heure où la cloche réglementaire sonne le réveil matinal de la communauté, notre chère soeur Marguerite du Sacré-Coeur - Normandine Tessier Lavigne - rend doucement son âme à Dieu dans une des chambrettes de l'infirmerie de la maison-mère.


Au pieux murmure de ferventes prières ininterrompues durant cette dernière nuit, elle a pris son essor vers l'Époux divin, l'humble et fidèle religieuse que pleure entre toutes sa soeur aînée, - la nôtre en religion, - Soeur Caroline, agenouillée au chevet de la mourrante, au milieu de consoeurs qui partagent ses regrets.


Troisième de ce nom en notre communauté, Soeur Marguerite du Sacré-Coeur était âgée de 58 ans 9 mois et 8 jours et comptait 31 ans et 5 mois de vie religieuse.  Entrée au noviciat le 31 mars 1892, admise à prononcer ses voeux de religion en la profession du 29 mars 1894, la nouvelle professe fut adjointe dès lors au personnel de l'Hôpital Saint-Jean-de-Dieu.  En service actif auprès des malades, elle prodigua à tous indistinctement les soins de sa délicate et pieuse charité.  Dans l'ombre et le silence, elle poursuivit sa tâche laborieuse durant quinze années, accumulant devant Dieu des mérites que son humilité, servie par une nature timide, eût voulu soustraire aux regards de tous.  Mais là-haut. les anges veillaient et enregistraient fidèlement ces multiples actes de vertus qui sont désormais l'impérissable gloire de la modeste Fille de la Charité que le ciel couronne aujourd'hui.


Depuis le 30 août 1909, Soeur Marguerite du Sacré-Coeur se dévoua à la Maison-Mère, l'hospice Gamelin, l'Asile de la Providence, Beloeil, la Providence Sainte-Geneviève.  Successivement hospitalière des vieillards, des femmes âgées, des jeunes filles; infirmière, visitatrice, lingère, cumulant en ces dernières années les fonctions de conseillère puis d'assistante, notre regrettée soeur s'acquitta consciencieusement de son devoir, répandant autour d'elle un parfum d'édification émanant de sa tendre pitié envers la Sainte-Vierge, de son humilité et de sa grande charité pour les souffrances physiques et morales qu'elle s'efforçait si efficacement de soulager.  Son dévouement auprès des pauvres et des malades était inlassable.


la santé précaire de la chère soeur avait déjà subi plusieurs atteintes, quand, le 8 octobre 1921, une forte attaque de paralysie détermina son transport à l'infirmerie de la maison-mère.  Le traitement médical eut raison cette fois de la maladie, mais, quelques mois plus tard, de nouvelles attaques, compliquées dans la suite d'affection cardiaque, d'urémie, firent languir la malade et lui donnèrent l'occasion d'accroître la gerbe déjà  précieuse de ses mérites pour l'éternité.  Cette longue réclusion dans une chambre d'infirmerie mit en lumière l'esprit de détachement et de mortification de cette religieuse timide, concentrée, souffrant de ne pouvoir épaucher le trop plein de son âme broyée à certaines heures par des souffrances intimes; creuset dans lequel le divin Maître voulait sans doute achever de purifier cette âme, des plus infimes poussières de la route parcourue ici-bas.  Dans la prière, l'union à Jésus dans son sacrement d'amour auquel elle participait chaque matin, s'affermissaient sa résignation au bon vouloir divin, sa confiance en la bonté infinie de Maître qui lui rendit déjà au centuples les services rendus à ses membres souffrants, en l'entourant elle-même de mères sympathiques, d'infirmières attentives, dévouées à qui elle réitérait souvent l'expression d'une reconnaissance qu'elle porterait devant Dieu, disait-elle, même au delà du tombeau.


C'est dans ces beaux sentiments que, consciente jusqu'au dernier moment, notre chère Soeur Marguerite du Sacré-Coeur, exhala  doucement son dernier soupir.  Son service fut chanté, dans la chapelle de la Maison-Mère et ses restes mortels conduits au cimetière de la communauté à Saint-Jean-de-Dieu.



 

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