Richard, dit Lafleur, Guillaume, est une figure emblématique de l'histoire militaire et sociale de la Nouvelle-France. Né en 1641, il a quitté son pays natal, la France, pour rejoindre le régiment de Carignan-Salières lors de son établissement en 1664. Fils d'un grainetier, Jean Richard, et d’Anne Meusnier, de Saint-Léger, dans l'évêché de Saintes, il appartient à une lignée qui serait, selon la tradition familiale, directement descendante de John Richards, un Gallois ayant joué un rôle crucial lors de la fuite du roi Charles IX pendant le massacre de la Saint-Barthélemy en 1572.
L’engagement militaire de Richard commence dès son arrivée en Nouvelle-France. En mai 1665, il part avec son régiment pour le Canada, débarquant le 19 août après une traversée difficile. À peine deux ans plus tard, alors que son régiment retourne en France, Richard choisit de s’installer définitivement dans la colonie. Rapidement, il se voit promu sergent des troupes canadiennes et, sous le gouverneur Frontenac, il participe à l’établissement du fort Frontenac à Cataracoui en 1673. Il est nommé premier commandant de ce fort et conserve cette position jusqu'à l'arrivée de Cavelier de La Salle en 1675, demeurant impliqué dans la défense et le développement militaire de la région.
En 1677, il figure encore dans les recensements de la garnison, puis accède au rang de sergent à Montréal. En 1684, il est déjà lieutenant de la compagnie d’avant-garde du poste de Montréal et, par la suite, il devient capitaine de la milice dans la paroisse de Pointe-aux-Trembles, où il réside depuis 1679. Son rôle dans les affaires militaires et civiles de la colonie le rend respecté et influent.
Le 2 juillet 1690, Richard rencontre une triste fin, tué au combat près du Bout-de-l’Île de Montréal. Son détachement, composé de 25 hommes, est attaqué par des guerriers iroquois, qui infligent de lourdes pertes. Les corps sont enterrés rapidement sur les lieux du combat, les restes étant exhumés en 1694 pour un enterrement solennel au cimetière de Pointe-aux-Trembles. Cette dernière étape témoigne du respect qui lui est accordé même après sa mort.
Richard a épousé Agnès Tessier, fille d'Urbain Tessier, pionnier du lieu à Montréal le 26 novembre 1675, et leur descendance joue un rôle significatif dans l'histoire locale. Leur fils, Jean-Baptiste, devient interprète, épousant Marie-Anne, fille de Pierre You de La Découverte, une figure notable en tant qu'associé de La Salle dans ses explorations du Mississippi. Jean-Baptiste et Marie-Anne ont une fille, Suzanne, qui épouse Gilbert Parant, un marchand et interprète à Détroit, inscrivant ainsi la famille dans le contexte d'un commerce et d'échanges culturels dynamiques.
Le fils de Jean-Baptiste, également nommé Jean, naît en 1721. Sa vie est marquée par une aventure tragique lorsqu'il est blessé et capturé par des Amérindiens de l’Ouest. Essuyant une évasion audacieuse trois ans plus tard, il parvient à retrouver les établissements des Blancs sur le cours inférieur de la rivière des Hollandais. Sa carrière militaire débute alors, servant comme interprète pour les troupes loyalistes durant la guerre de la Révolution. Après la paix, il s’établit sur la baie de Kenté (Quinté) où il passe le reste de ses jours avant de mourir en 1807.
L'héritage de Guillaume Richard, dit Lafleur, ne réside pas seulement dans ses exploits militaires, mais aussi dans les contributions de sa descendance à la société canadienne-française. En surmontant les défis à travers plusieurs générations, la famille Richard incarne les remous de l'histoire canadienne et l'évolution des relations interculturelles. Ainsi, le parcours de Richard et celui de sa lignée offrent un aperçu précieux d'une époque de changements, de luttes et de résilience en Nouvelle-France et au-delà. La vie de Guillaume Richard est donc un témoignage de l'engagement et des sacrifices des premiers colons en Amérique du Nord.
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