Claude Ducongé, dit Lafortune, est une figure fascinante de l'histoire coloniale du Canada. Né en 1669, son origine demeure mystérieuse. Soldat dans la compagnie de Valrenne, il arrive dans la colonie vers 1685. Son passage en Nouvelle-France est marqué par son engagement militaire et sa carrière au sein de la milice, où il a atteint le rang de lieutenant, témoignant ainsi d'un certain degré de reconnaissance et de responsabilités dans les affaires militaires de l'époque. Il a également été sergent de la garnison à Montréal, position qui reflète sa rôle actif dans la protection de la colonie.
Le 21 janvier 1692, Claude épousa Agnès Tessier, veuve de Guillaume Richard, à l'église de la Pointe-aux-Trembles. De cette union naquirent cinq enfants, dont Jean, Catherine et Guillaume, qui malheureusement, décédèrent en bas âge. Les deux autres, Marguerite, qui épousa François Serran puis Charles Couvret, et Marie-Barbe, qui se marie avec Ignace Goulet, ont continué la lignée de la famille Ducongé-Tessier.
La vie de Claude Ducongé fut tragiquement interrompue le 2 septembre 1729, lorsqu'il fut tué au combat par des Iroquois, illustrant ainsi le danger omniprésent des conflits avec les nations autochtones durant cette période. Agnès, épousant les peines de veuve, poursuivit sa vie jusqu'au 24 janvier 1733, date de son décès à la Pointe-aux-Trembles, quatre ans après la mort de son époux.
Les activités de Claude vont au-delà de sa vie familiale et militaire. Des actes notariés d'époque révèlent divers engagements économiques et juridiques. Par exemple, le 13 décembre 1695, il s'illustre dans le commerce en concluant un marché de cordes de bois de chauffage, indiquant qu'il était impliqué dans l'économie locale. En outre, un bail à terme de deux bœufs est signé le 9 décembre 1702, révélant une dimension importante de sa vie agricole. Ce bail montre l’établissement de Claude en tant qu’habitant au bas de l'île de Montréal, témoignant d’un statut socio-économique établi.
Le 17 novembre 1703, un accord relatif à sa belle-fille Agnès Richard et à un autre habitant, Pierre Chesne, indique l'importance des réseaux familiaux et communautaires dans les affaires juridiques de l'époque. Les liens sociaux et familiaux sont clairement à la base des transactions économiques et des décisions juridiques.
Le 29 juin 1711 s’illustre un événement marquant : le partage d'une terre située au bas de l'île de Montréal entre Claude et Agnès. Ce partage met en lumière non seulement les liens étroits entre les membres de la famille Richard, issus du premier mariage d'Agnès, mais aussi la complexité des relations familiales qui régnaient dans les colonies. En tant que tutrice et épouse d'Agnès, Claude fait face à la gestion des biens familiaux d’une manière qui montre l'importance de la protection des enfants issus de mariages précédents.
En somme, la vie de Claude Ducongé, dit Lafortune, témoigne d'une existence riche, marquée par des dimensions militaires, familiales et économiques. Son héritage perdure à travers ses descendants et constitue une partie intégrante de l'histoire de la Pointe-aux-Trembles et de l'île de Montréal au cours du XVIIe et du début du XVIIIe siècle.
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