Marie-Catherine de Poitiers, née vers 1671 en Nouvelle-Angleterre, est la fille de Jean-Baptiste de Poitiers, un soldat du régiment de Carignan qui est arrivé en Nouvelle-France en 1665. Son parcours est marqué par des évènements familiaux et juridiques qui témoignent des défis de l'époque. Elle épouse Jean Tessier, le fils d'Urbain Tessier et de Marie Archambault, le 27 août 1703 à l'église Notre-Dame de Montréal. De ce mariage naissent quatre enfants, mais seul un fils, prénommé Louis, survit.
L'histoire de Marie-Catherine prend un tournant important lorsque, après le décès de son mari Jean Tessier, elle se trouve impliquée dans un procès concernant le partage de son héritage. Ce procès débute le 14 mai 1735 et dure jusqu'au 20 août 1737. Elle se présente en tant que demanderesse contre Marie-Anne Tessier, Charles Tessier et d'autres héritiers de Jean Tessier et de son ancienne épouse, Louise Caron. Le dossier révèle la complexité des questions héritières en Nouvelle-France, où les biens familiaux souvent se répartissent entre nombreuses mains.
Le dossier judiciaire contient plusieurs documents clés. Une sentence ordonne à Marie-Catherine de Poitiers de réaliser un inventaire des biens de son mari après son décès. Des ordonnances sont émises pour convoquer les héritiers en vue d'expertises afin d’évaluer les biens en question. Pierre Crépeau et Toussaint Beaudry, arpenteur royal, sont nommés experts pour examiner la valeur des terres, emplacements et maisons hérités. Les conclusions fournies par le procureur du roi sont également présentes, suivies par la sentence finale de partage des biens qui conclut à une division des actifs entre les héritiers.
Parallèlement à ces événements, des préoccupations criminelles émergent, illustrant le cadre socio-juridique de la Nouvelle-France. Par exemple, le 3 octobre 1699, un procès est enregistré entre Pierre Chantereau, un bedeau, et Pierre d’Ailleboust, sieur d'Argenteuil, pour voies de fait. Dans cette affaire, Chantereau accuse Ailleboust de l’avoir agressé verbalement et physiquement, ce qui a entraîné des blessures. Le dossier comprend des supplications pour tenir une information judiciaire, avec des témoignages de plusieurs personnes, dont J.B. de Poitiers du Buisson, qui est un écuyer de 52 ans, et sa fille Catherine de Poitiers, âgée de 26 ans. Les témoignages soulignent le réseau social étroit et les implications personnelles dans ces affaires judiciaires.
Enfin, un autre procès, daté du 9 mars 1729, met en scène Antoine Perrin, un huissier plaignant François Jobin, un forgeron, pour voies de fait. Cette affaire illustre les tensions qui pouvaient surgir dans les relations commerciales et personnelles dans la colonie. Perrin accuse Jobin de l’avoir frappé et d'avoir causé des dommages à sa propriété. Les documents liés à ce cas incluent également la liste des témoins, parmi lesquels on retrouve Catherine de Poitiers, épouse de Jean Tessier, âgée de 57 ans, ce qui montre comment elles s’engagent dans divers aspects de la vie communautaire et légale.
Ces éléments rassemblés offrent un aperçu de la vie de Marie-Catherine de Poitiers et des défis auxquels elle a fait face. Entre les obligations familiales, les procès et les relations sociales dans un contexte colonial, son histoire reflète celle de nombreuses femmes de son temps, naviguant dans un monde complexe, cherchant à assurer leur place et celle de leurs enfants dans la société. La finalité de son héritage, tant matériel qu'immatériel, demeure inscrite dans l'histoire de la Nouvelle-France et témoigne des luttes pour la reconnaissance et le droit dans une colonie en pleine évolution.
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