UN HÉRITAGE D'UN MILLIARD PROVENANT D'UN DON DE MAISONNEUVE
Les familles Tessier dit Lavigne réclament le terrain de l'église Notre-Dame, presque toute la Place d'Armes et autres emplacements historiques. Quelques pages glorieuses de l'histoire du Canada.
LA VIE HÉROIQUE DU LIEUTENANT URBAIN TESSIER dit LAVIGNE
Un héritage évalué à plus d'un milliard de dollars qui remonte à une donation faite par Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, gouverneur de l'Isle de Montréal, et qui comprend la plus grande partie de la Place d'armes, le terrain de l'église Notre-Dame, du séminaire de Saint-Sulpice et d'un grand nombre d'édifices situés aux alentours, est réclamé par les familles Tessier dit Lavigne, descendantes du brillant et brave lieutenant Urbain Tessier dit Lavigne, un des héros de l'époque française au Canada(...).
Il n'avait pas 20 ans lorsqu'il quitta le doux pays de France pour des terres lointaines où les Peaux-Rouges farouches dansaient autour des feux en jetant leur cris de guerre. Mais le jeune officier était de bionne race. Il lutta vaillamment contre les scalpeurs de chevelure. Un dimanche, comme il sortait de l'humble chapelle où se disait la messe, il fut suivi et attaqué par une bande d'Iroquois.
Prisonnier pendant six mois des Peaux-Rouges, il leur inspira un tel respect pour son courage qu'ils n'osèrent ni le torturer ni le mettre à mort. Tel fut cet ''homme de fer'' à qui Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, gouverneur de l'Isle de Montréal, donna en 1651(neuf ans seulement après la fondation de Montréal) trente arpents de terre en reconnaissance de services rendus à la colonie. Ce sont ces trente arpents de terre que ses descendants réclament aujourd'hui.
CESSION AUX SULPICIENS
Comme il est dit plus haut, Urbain Tessier fut fait prisonnier par les sauvages. Lorsqu'il recouvra sa liberté après de longs mois passés dans les wigwams, en 1661, il réalisa combien sa vie de soldat l'exposait à la mort. Il signa un acte par lequel en cas de mort il cédait tous ses biens à l'église à l'exception de la maison qu'il habitait et qui était située sur l'emplacement actuel de la Place d'Armes. D'après les héritiers, l'acte en question spécifiait que les biens devaient être remis aux petits-enfants par les messieurs de Saint-Sulpice.
Dans ce temps-là, les terres en question ne valaient pas grand-chose et c'est ce qui explique, nous disent les héritiers pourquoi les petits-enfants du lieutenant Urbain Tessier dit Lavigne ne firent pas valoir leurs droits. Quant à l'emplacement de la maison de leur ancêtre, il n'est pas compris dans les biens réclamés par la famille Tessier dit Lavigne parce qu'il fut vendu et qu'on reconnait n'y avoir aucun droit.
Quelques uns des héritiers prétendent avoir appris de leurs grands-parents que les documents établissant les droits de propriété avaient été déposé pour plus de sûreté dans la pierre angulaire de la vieille église Notre-Dame. On admet ne pas avoir trouvé ce document, précieux entre tous, nous dit-on.
Les héritiers réclament 600 arpents de terrain, et dans le cas où certains de ces terrains ont été vendus, ils veulent être dédommagés. D'après les vieux, nous dit-on, les terres laissées par Urbain Tessier dit Lavigne, s'étendent du bord du fleuve à l'avenue Mont-Royal. Quant à la largeur, elle n'est pas spécifiée. On évalue ces biens à plus d'un milliard de dollars, quelques uns vont jusqu'à parle de cinq milliards! On croit avoir des droits sur des terrains à Valleyfield, Trois-Rivières, Saint-Timothée.
On dit qu'il y a eut des échanges de terrain entre Tessier, Delorme et les Sulpiciens et cela parait quelque peu compliqué pour ceux qui ne sont pas au courant. Quoiqu'il en soit, les familles Tessier dit Lavigne réclament même plusieurs arpents au coeur même de Montréal, dans le district des banques et de la finance. Sur un des terrain en cause, un édifice de 800,000 dollars a été construit il y a quelques années. Presque tout l'emplacement de la Place d'Armes est réclamé. Si les héritiers gagnent leur point, ce sera une révolution dans le monde immobilier. Des millions changeront de mains.
Les familles Tessier dit Lavigne se sont organisées pour faire reconnaitre ce qu'ils appellent leurs droits. Un comité a été formé et on a engagé un avocat dont on ne tient pas à dévoiler le nom pour le moment. On nous dit cependant que c'est des membres les plus éminents du barreau. Il ne s'agit pas, comme on l'a expliqué, d'intenter des procédures mais de s'assurer d'un homme de loi pour examiner les documents, les estimer à leur valeur, noter ce qui manque, et, en un mot, voir à tout ce qui se rapporte au côté légal.
Les familles Tessier dit Lavigne ont tenus leur septième réunion, hier après-midi, en la salle Caron, 401 rue de Bellechasse, Montréal. La salle débordait. Environ 300 descendants du protégé de Maisonneuve étaient présents. La plupart étaient de Montréal, mais il en est venu de Rouyn, d'Ottawa, de Hull, de Sainte-Thérèse, de l'Annonciation et même de Chicago. En effet, deux dames sont venues spécialement de Chicago pour assister à l'assemblée. Ce sont Mme May Keith, dont le mari est un descendant de Urbain Tessier dit Lavigne, et Mme Nellie Felten, dont la mère est née Élisabeth Tessier.
Mme Keith apporte avec elle une liasse volumineuse de copies de documents se rapportant à la succession. Elle dit que les originaux sont dans des voûtes dans des banques américaines....
(Source La Patrie, le 16 janvier 1928)
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